Jean-Claude Martinez
Ses tenants ont beau la magnifier comme le bouquet final d’un feu d’artifice des mille libertés, l’euthanasie n’est que le produit d’une économie et d’une politique. C’est parce que l’Europe de toutes les restrictions est devenue un océan de récession du fond duquel ne monte plus aucune espérance nouvelle, que les dirigeants, dont ceux de la France, financièrement acculés, choisissent en effet « la piqûre pour tous ». Comme une seringue d’or facilitant leur quête d’équilibres budgétaires, dans un bouillon d’inculture qui sent le ranci des vieilles idéologies, du malthusianisme au nouvel obscurantisme. Quand ce n’est pas le dernier racisme pratiqué : l’anti-vieux !
Mais les idiots utiles de droite se préparent à vendre la seringue pour se faire piquer, pendant que ceux de gauche travaillent déjà à se la faire rembourser, sans jamais comprendre que le mal de celui qui veut mourir vient de plus loin que la maladie qu’il affronte. Car s’il parle de mourir, tant sa souffrance est grande, c’est parce qu’il n’a personne pour la partager et lui donner des raisons d’espérer.
La loi sur l’euthanasie, loin d’être l’extase de la République, dans la fraternité compassionnelle des injections, n’est alors que la fuite en avant d’une société qui, ne voulant pas voir les détresses qu’elle crée, préfère éliminer tous ceux qui viennent les lui rappeler. En racontant en plus au passage que c’est au nom de leur liberté qu’on les fait piquer.
Ce cynisme et cette hypocrisie des « conventions pharisiennes » qui l’ont habillée, ce livre les débride, en disant les raisons de la colère à voir une loi nous faire mourir avec une longueur d’avance, au moment même où se déploie le génie de notre espèce sapiens.
Jean-Claude Martinez, professeur agrégé de droit public et de sciences politiques, Université Paris-II Panthéon-Assas, a été vingt-deux ans député national et européen.
14 x 21 cm - 228 pages - Editions Via Romana |