Ghislain de Diesbach
Le véritable Chateaubriand apparaît enfin dans cette biographie étincelante : farouchement indépendant, admettant mal d'obéir à un souverain à moins d'être son mentor, assoiffé de reconnaissance, bardé d'orgueil et de susceptibilité, toujours à court d'argent, croyant une grande carrière politique indispensable à la consécration de son talent, « se créant des obstacles, disait Mme de Boigne, pour avoir l'amusement de les franchir », aimé des femmes plus qu'il ne les aimait, inventeur d'un « mal du siècle » qu'il ne ressentait pas, obligé par le succès du Génie du christianisme d'assumer une foi qui n'était guère ardente.
Bien qu'il soit célébré dès le début du siècle comme le premier écrivain de son temps, bien qu'il ait obtenu ministère, ambassade et pairie, sa soif de notoriété ne sera jamais assouvie. Elle augmentera même avec l'âge, au point de fournir à Talleyrand l'un de ses plus jolis traits : « Chateaubriand se croit sourd depuis qu'il n'entend plus parler de sa gloire. » Pour son biographe, Chateaubriand eût été plus admirable encore s'il avait écouté Louis XVIII : « Qu'il est grand quand il ne se met pas devant lui. »
16 x 25 - 664 pages
(éditions Perrin) |